Publicité
Article
garantie sans colorants, sans conservateurs et sans aromes
artificiels.
Dans les sociétés
industrialisées européennes contemporaines, la publicité occupe
une large place. Présente sur de nombreux supports, elle n'est
cependant pas visibles partout. Seulement à la télévision, à la
radio, sur internet, dans les magasines et les journaux, sur les
panneaux publicitaires grands formats placés dans les villes, sur
les panneaux publicitaires des arrêts de bus, sur les bus, les
voitures, les sacs, quelques vêtements, dans les stades sportifs,
quand vous écoutez de la musique, au cinéma, dans l'art et même
dans les domiciles sous forme de vieilles affiches qui ne sont alors
plus considérées comme de la publicité. Pas partout donc. Mais il
est vrai que, avec le développement des nouvelles technologies et
moyens de communications modernes, la publicité, communément
appelée ''Pub'', investie ces nouveaux supports. Par le passé,
avant donc, il y avait moins de pub. Mais ça, c'était avant.
Une publicité, quel que
soit son média, se veut généralement être courte et incisive pour
monter très rapidement au cerveau. En trente secondes elle doit
provoquer le désir, l'envie, l'orgasme publistique qui poussera le
consommateur à vouloir à tout prix -et c'est le cas de le dire!- LE
produit dont il est question. Et dont il n'a pas besoin.
Vantant les mérites
dudit produit en faisant miroiter un monde parfait dans lequel les
marmottes mettent le chocolat dans le papier d'alu -mais bien sûr!-,
dans lequel les soucis du quotidien, la pollution, la crise, le
chômage, les S.D.F, les sans-papiers, les guerres et les famines,
les moches, les obèses, les fous, les dictateurs, les bactéries,
bref un monde dans lequel toutes les choses pourtant réelles et bien
présentes mais considérées comme néfastes, démoralisantes et
non-visuellement montrables, sont exclues. C'est un monde parfait,
beau, propre, idéalisé et idyllique qui est posé, un de ceux où
si juvabien c'est Juvamine, où les familles sont unies, heureuses,
ont de l'argent pour acheter des produits neufs et mangent à leur
faim, où la ménagère fait la cuisine en robe de grand couturier,
le ménage en robe de grand couturier, et la lessive en robe H&M.
Bref, un monde qui n'existe que sur fond vert, dans un studio
d'Europe de l'Est avec des comédiens ukrainiens sous-payés dont les
doubleurs français n'arriveront pas à exactement faire coller leurs
voix sur le rythme des lèvres mouvantes.
Parce que oui, la pub
ment, la pub ne sert qu'à faire consommer les acheteurs en faisant
des bénéfices et en terminant les prix sur des 9 pour laisser
penser à un gain d'argent. Personne n'est dupe. Mais ça fonctionne
quand même. C'est fort (en chocolat). Bref, la pub c'est le mal mais
ça fait marcher la société. Et ça permet d'aller aux toilettes au
milieu du film. Heureusement qu'il y a Findus donc, même si on se
lève tous pour Danette.
Tout dans la publicité
est fait pour mettre le con-sommateur en con-fiance. La voix off est
féminine et attrayante, les slogans sont humoristiques -ils
lobotomisent pourtant le cerveau- et vous les ressortirez en blaguant
devant la machine à café, les explications se veulent crédibles et
scientifiques -même si les mots sont inventés- et expliquent les
dernières innovations en matière de technologie au moins aussi
bien que le plus ressuscité des Messis. Car oui, il est évident que
nos cheveux ont grand besoin de protéine de soie, de gelée royale
ou de tout autre pseudo-innovation chimico-naturelle pour être
propres. Les pubs montrent également des humains tout ce qu'il y a
de plus normaux (mais retouché en post-prod par ordinateur pour
qu'ils aient l'air encore plus banal!) pour susciter
l'identification. C'est comme ça que ma grand-mère a appris à
faire un bon café.
Oui, la pub est vile,
mais c'est comme ça. Elle est désormais tellement bien ancrée dans
nos sociétés que plus personne ne s'en plaint. Elle permet même de
financer certaines chaînes de télévision. Ainsi, regarder la pub,
qui coupe pourtant en plein milieu du moment clef votre série télé
préférée, c'est en fait faire un acte presque citoyen. Comme payer
ses impôts en somme. Et regardez la pub maintenant, vous ne le
payerez que dans un an. Comme vos lunettes. Car même si la liberté
de penser fait partie des choses qui ne s'achètent pas, pour le
reste il y a Mastercard et la publicité vous force à entrer dans
son système. Que vous le vouliez ou non, on vous prend pour un
poussin et c'est encore une victoire de Canard !
Si courante donc est
cette publicité, si habituelle, que l'on ne s'en rend presque plus
compte. On regarde avec bonheur les vieux spots télévisés comme on
regarde un film classique. On ressasse les slogans telles des maximes
populaires. D'ailleurs ceux-ci sont si bien implantés dans nos
esprits qu'y faire référence est un trait de sociabilité.
Faites-en l'expérience avec des amis par exemple, en venant au
fast-food comme vous êtes (tant que vous avez de l'argent pour
payer) ou en ouvrant un soda pour boire du bonheur. Parce que vous le
valez bien !
La pub bousille aussi vos
chansons favorites, associant définitivement dans votre esprit
musique et marque de produit. Tel Mister Blue Sky d'Electric
Light Orchestra à jamais attaché à la neuf box de SFR, la Danse
Hongroise n°5 de Brahms à Orange, Marylène de Martin
Circus au Babybel, Comment te dire adieu de François Hardi à
la marque Contrex et Glorious d'Andreas Johnson à Nutella. Et
PAF ! Ça fait... des lavages de cerveaux rapides, pratiques et
pas chers ! Sont fort les publicitaires. Ow ow ow, ils sont
géants vers le coup de grâce qu'ils nous portent un peu plus chaque
jour avec leurs créations. C'est comme de la magie : leurs
idées ont du génie.
Jusqu'où alors ira la
publicité ? Encore bien loin, l'homme n'arrêtant pas le
progrès. Sans doute l'emmènera t-il dans sa conquête spatiale,
poser les pattes -les pattes oui, mais des Panzanis- des robots et
autres sondes estampillées des logos des plus grandes marques, au
moins de nouveau sur la Lune, peut-être même après Mars. Car Mars
et ça repart. A moins qu'ils ne trouvent de l'eau sur cette planète,
de l'eau minérale et en bouteille, trois fois plus chère que celle
du robinet, mais qui sera déclarée source de jeunesse par votre
corps.
Toutes les publicités ne
sont pourtant pas bonnes à jeter. Certaines sont même plutôt
''officielles''. Et même si elles utilisent les médias des pub à
la consommation, ce qui les différencie c'est le caractère
informatif qu'elles revêtent. Comme les campagnes pour la sécurité
routière par exemple, contre l'abus d'alcool qui est dangereux pour
la santé, provoque des sensations trop extrêmes et est à boire
avec modération, ou encore en faveur des produits laitiers qui sont
nos amis pour la vie. Mais ces spots, émanant du gouvernement, ont
des slogans bien moins frappant que ceux des professionnels du
domaine, sans cette fraîcheur de vivre d'Hollywood. De même pour
les publicités des candidats à la présidentielle lors de la
campagne électorale qui essayent de se vendre avec des accroches
aussi spontanée que ''le changement de la France forte c'est
maintenant''. Les politiciens et hautes instances devraient rester
dans leurs bureaux et prendre exemple sur Herta qui, avec ses
produits modifiés, garde le goût des choses simples.
Étant
Free, vous l'aurez comprit, la publicité est un fléau, un
extracteur de pensées, mais nous l'avons depuis longtemps acceptée.
Certes, je n'ai pas été tendre. Mais pourquoi suis-je aussi
méchant ? Parce que !
Alors
pour vous en sortir, vos méninges il faut les secouer, sinon la pub
elle reste en bas.
Seb.
(C'est bien.)
Avril
2012
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