Quatrième de couverture en première page


Le Petit Manuel à l'intention des extra-terrestres parlant français se veut être un ouvrage décalé -de trente centimètres vers la gauche- qui présente, sous forme humoristique, une série d'articles plus ou moins bien choisis sur des sujets aussi divers qu'inintéressants, à destination des éventuels visiteurs extra-terrestres venant en visite cordiale sur notre planète. Dans la mesure où leur propre monde ne s'appelle pas également « Terre ». Et où ils parlent français.

Allant du point A au point B en passant par les points C, D, U et K avant de faire demi-tour, la liste non-exhaustive de sujets abordés est aussi explicitement absurde que les thèmes eux-même sont incomplets. Participatif, parfois illustré, sans doute jamais publié et bien rarement lu, le Petit Manuel -dont la couverture n'est pas rouge pour éviter toute confusion- ne restera pas un ouvrage de référence possédé par tous.

Critique de la société d'un point de vue plus ou moins juste mais totalement subjectif, il est à compléter par tous les Terriens ayant suffisamment de doigts et d'esprit pour écrire. Pour contribuer à cette grande aventure terrienne, envoyez vos articles à : petitmanuel@live.fr

2012-04-27

Une petite page de publicité


Publicité


Article garantie sans colorants, sans conservateurs et sans aromes artificiels.



Dans les sociétés industrialisées européennes contemporaines, la publicité occupe une large place. Présente sur de nombreux supports, elle n'est cependant pas visibles partout. Seulement à la télévision, à la radio, sur internet, dans les magasines et les journaux, sur les panneaux publicitaires grands formats placés dans les villes, sur les panneaux publicitaires des arrêts de bus, sur les bus, les voitures, les sacs, quelques vêtements, dans les stades sportifs, quand vous écoutez de la musique, au cinéma, dans l'art et même dans les domiciles sous forme de vieilles affiches qui ne sont alors plus considérées comme de la publicité. Pas partout donc. Mais il est vrai que, avec le développement des nouvelles technologies et moyens de communications modernes, la publicité, communément appelée ''Pub'', investie ces nouveaux supports. Par le passé, avant donc, il y avait moins de pub. Mais ça, c'était avant.

Une publicité, quel que soit son média, se veut généralement être courte et incisive pour monter très rapidement au cerveau. En trente secondes elle doit provoquer le désir, l'envie, l'orgasme publistique qui poussera le consommateur à vouloir à tout prix -et c'est le cas de le dire!- LE produit dont il est question. Et dont il n'a pas besoin.

Vantant les mérites dudit produit en faisant miroiter un monde parfait dans lequel les marmottes mettent le chocolat dans le papier d'alu -mais bien sûr!-, dans lequel les soucis du quotidien, la pollution, la crise, le chômage, les S.D.F, les sans-papiers, les guerres et les famines, les moches, les obèses, les fous, les dictateurs, les bactéries, bref un monde dans lequel toutes les choses pourtant réelles et bien présentes mais considérées comme néfastes, démoralisantes et non-visuellement montrables, sont exclues. C'est un monde parfait, beau, propre, idéalisé et idyllique qui est posé, un de ceux où si juvabien c'est Juvamine, où les familles sont unies, heureuses, ont de l'argent pour acheter des produits neufs et mangent à leur faim, où la ménagère fait la cuisine en robe de grand couturier, le ménage en robe de grand couturier, et la lessive en robe H&M. Bref, un monde qui n'existe que sur fond vert, dans un studio d'Europe de l'Est avec des comédiens ukrainiens sous-payés dont les doubleurs français n'arriveront pas à exactement faire coller leurs voix sur le rythme des lèvres mouvantes.

Parce que oui, la pub ment, la pub ne sert qu'à faire consommer les acheteurs en faisant des bénéfices et en terminant les prix sur des 9 pour laisser penser à un gain d'argent. Personne n'est dupe. Mais ça fonctionne quand même. C'est fort (en chocolat). Bref, la pub c'est le mal mais ça fait marcher la société. Et ça permet d'aller aux toilettes au milieu du film. Heureusement qu'il y a Findus donc, même si on se lève tous pour Danette.

Tout dans la publicité est fait pour mettre le con-sommateur en con-fiance. La voix off est féminine et attrayante, les slogans sont humoristiques -ils lobotomisent pourtant le cerveau- et vous les ressortirez en blaguant devant la machine à café, les explications se veulent crédibles et scientifiques -même si les mots sont inventés- et expliquent les dernières innovations en matière de technologie au moins aussi bien que le plus ressuscité des Messis. Car oui, il est évident que nos cheveux ont grand besoin de protéine de soie, de gelée royale ou de tout autre pseudo-innovation chimico-naturelle pour être propres. Les pubs montrent également des humains tout ce qu'il y a de plus normaux (mais retouché en post-prod par ordinateur pour qu'ils aient l'air encore plus banal!) pour susciter l'identification. C'est comme ça que ma grand-mère a appris à faire un bon café.

Oui, la pub est vile, mais c'est comme ça. Elle est désormais tellement bien ancrée dans nos sociétés que plus personne ne s'en plaint. Elle permet même de financer certaines chaînes de télévision. Ainsi, regarder la pub, qui coupe pourtant en plein milieu du moment clef votre série télé préférée, c'est en fait faire un acte presque citoyen. Comme payer ses impôts en somme. Et regardez la pub maintenant, vous ne le payerez que dans un an. Comme vos lunettes. Car même si la liberté de penser fait partie des choses qui ne s'achètent pas, pour le reste il y a Mastercard et la publicité vous force à entrer dans son système. Que vous le vouliez ou non, on vous prend pour un poussin et c'est encore une victoire de Canard !

Si courante donc est cette publicité, si habituelle, que l'on ne s'en rend presque plus compte. On regarde avec bonheur les vieux spots télévisés comme on regarde un film classique. On ressasse les slogans telles des maximes populaires. D'ailleurs ceux-ci sont si bien implantés dans nos esprits qu'y faire référence est un trait de sociabilité. Faites-en l'expérience avec des amis par exemple, en venant au fast-food comme vous êtes (tant que vous avez de l'argent pour payer) ou en ouvrant un soda pour boire du bonheur. Parce que vous le valez bien !

La pub bousille aussi vos chansons favorites, associant définitivement dans votre esprit musique et marque de produit. Tel Mister Blue Sky d'Electric Light Orchestra à jamais attaché à la neuf box de SFR, la Danse Hongroise n°5 de Brahms à Orange, Marylène de Martin Circus au Babybel, Comment te dire adieu de François Hardi à la marque Contrex et Glorious d'Andreas Johnson à Nutella. Et PAF ! Ça fait... des lavages de cerveaux rapides, pratiques et pas chers ! Sont fort les publicitaires. Ow ow ow, ils sont géants vers le coup de grâce qu'ils nous portent un peu plus chaque jour avec leurs créations. C'est comme de la magie : leurs idées ont du génie.

Jusqu'où alors ira la publicité ? Encore bien loin, l'homme n'arrêtant pas le progrès. Sans doute l'emmènera t-il dans sa conquête spatiale, poser les pattes -les pattes oui, mais des Panzanis- des robots et autres sondes estampillées des logos des plus grandes marques, au moins de nouveau sur la Lune, peut-être même après Mars. Car Mars et ça repart. A moins qu'ils ne trouvent de l'eau sur cette planète, de l'eau minérale et en bouteille, trois fois plus chère que celle du robinet, mais qui sera déclarée source de jeunesse par votre corps.

Toutes les publicités ne sont pourtant pas bonnes à jeter. Certaines sont même plutôt ''officielles''. Et même si elles utilisent les médias des pub à la consommation, ce qui les différencie c'est le caractère informatif qu'elles revêtent. Comme les campagnes pour la sécurité routière par exemple, contre l'abus d'alcool qui est dangereux pour la santé, provoque des sensations trop extrêmes et est à boire avec modération, ou encore en faveur des produits laitiers qui sont nos amis pour la vie. Mais ces spots, émanant du gouvernement, ont des slogans bien moins frappant que ceux des professionnels du domaine, sans cette fraîcheur de vivre d'Hollywood. De même pour les publicités des candidats à la présidentielle lors de la campagne électorale qui essayent de se vendre avec des accroches aussi spontanée que ''le changement de la France forte c'est maintenant''. Les politiciens et hautes instances devraient rester dans leurs bureaux et prendre exemple sur Herta qui, avec ses produits modifiés, garde le goût des choses simples.

Étant Free, vous l'aurez comprit, la publicité est un fléau, un extracteur de pensées, mais nous l'avons depuis longtemps acceptée. Certes, je n'ai pas été tendre. Mais pourquoi suis-je aussi méchant ? Parce que !

Alors pour vous en sortir, vos méninges il faut les secouer, sinon la pub elle reste en bas.



Seb. (C'est bien.)
                                                                                                                                                Avril 2012

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